Archéologiques 01, 1987

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Archéologiques 01, 1987

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Description

Tables des matières


Réflexion sur des aspects fondamentaux des sciences de l’homme et de la culture
Jean-Pierre Chrestien

L’épistémologie est un style de théorie qui met l’accent sur les processus les plus généraux de la connaissance, sur leur logique et leur fondement. Depuis la «révolution galiléenne», la connaissance scientifique se résume en trois points qui n’impliquent aucune restriction du domaine où elle prétend s’exercer, ni une détermination à priori des
méthodes: 1. La science vise la connaissance d’une «réalité» ; 2. La science cherche une «explication», qu’elle exprime sous la forme d’un «modèle» abstrait; 3. La science se soumet à des critères de «validité» qui sont explicitement formulables et qui font l’objet d’un consensus. De plus une science se définit par un système de concepts dont la cohérence maintient le développement de la recherche et de l’invention dans un certain domaine.
Lorsqu’une science fait face à un obstacle majeur qui stoppe son évolution , il se produit des ruptures à l’intérieur de cette organisation de connaissance caractérisée . Ces ruptures apparaissent alors comme des réponses aux obstacles qui mettent en cause l’ensemble du système. C’est ce qui s’est produit en archéologie à la fin des années ’50 et au début des années ’60 . Un sentiment d’insatisfaction est apparu chez certains archéologues qui prenaient conscience de la difficulté d’interpréter des témoignages archéologiques, d’en comprendre la signification .

Épistémologie et archéologie préhistorique au Québec
Jean-François Moreau

À travers quelques mémoires de maîtrise produits au département d’anthropologie de l’Université de Montréal, l’auteur s’interroge sur les usages faits de l’épistémologie en archéologie préhistorique au Québec. On constate au premier abord qu’il n’existe qu’un seul essai de production, de fabrication d’un modèle épistémologique afin de saisir comment se met en forme une «pensée archéologique «. Tous les autres mémoires considérés empruntent différents éléments de réflexion à diverses écoles de pensée, en particulier celle de la «New Archaeology». Ainsi retrouve-t-on fréquemment l’affirmation de la valeur scientifique du travail archéologique, celle de la contribution fondamentale de la discipline à une théorie générale des comportements humains («anthropologie»). Un peu plus récemment, le contexte théorique dans lequel s’inscrivent certains de ces mémoires s’oriente vers l’écologie culturelle. · Enfin, l’utilisation du concept de «théories d’ordre moyen» («middle range theories») semble être une des dernières formalisations adoptées comme cadre théorique ; y est particulièrement associé l’intérêt explicite pour les processus taphonomiques.

Science et archéologie : la prépondérance de l’idéologie
Daniel Chevrier

Comme on peut le constater en examinant les interprétations archéologiques proposées par les archéologues québécois, il existe un parallèle entre l’orientation politique de l’archéologue et la façon dont il étudie les vestiges archéologiques. Il n’y a évidemment pas de lien de cause à effet entre ces deux manifestations mais elles expriment clairement l’attitude individuelle et plus ou moins orientée de la démarche archéologique. Ce simple constat remet en cause la nature soi-disant scientifique de cette démarche. Les généralisations et les relations couramment véhiculées par les archéologues souffrent la plupart du temps d’un manque de rigueur sur le plan méthodologique puisque une fois confrontées à des analyses bien développées, elles se révèlent trop souvent simplistes et non fondées. Le développement méthodologique qui a cours depuis quelques années permettra sans doute à l’archéologie d’intégrer un jour les rangs des sciences. Il lui faudra cependant développer un cadre théorique qui la détachera de l’empirisme et de l’idéologie individuelle.

Terminologie nationale et internationale
Roger Marois

Notre situation de francophones en Amérique du Nord nous impose un tiraillement entre notre langue et notre profession entre l’Europe et l’Amérique du Nord . La réussite dans nos efforts pour percevoir et exprimer notre réalité archéologique avec originalité dépend de notre capacité d’assimiler les deux systèmes, anglais et français, afin de communiquer nos résultats dans un langage susceptible d’être compris sans confusion a l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières. Notre terminologie doit revêtir un caractère international si nous désirons jouir d’une terminologie nationale influente.

Problèmes de terminologie et de concepts en archéologie québécoise
Patrick Plumet

Le système conceptuel et terminologique reflète la pensée de celui qui l’utilise et demeure lié à la langue. Au Québec , nous devons concilier une culture très américanisée et une langue encore très européenne. D’autre part, la difficulté de délimiter clairement le champ de l’ethnographie et celui de l’archéologie incite à l’assimilation sans analyse préalable de concepts ethnologiques en archéologie. L’utilisation de deux systèmes conceptuels distincts mais complémentaires, l’ un pour l’étape descriptive, l’autre pour l’interprétation, peut être un moyen de maintenir la cohérence et la clarté de la démarche archéologique. L’important est de définir les termes utilisés. Il est souhaitable qu’ils soient employés dans le cadre d’un système conceptuel. L ‘importance des références américaines pour l’archéologue québécois se reflète dans un certain nombre d’emprunts à l’américain parmi lesquels les emprunts structuraux sont plus pernicieux que les emprunts lexicaux. Le concept de «puits de sondage » est un exemple de terme lié à une certaine conception de l’archéologie qui fut longtemps typiquement états-unienne. Il se maintient encore au Québec dans un contexte où il n’ a p lus la même signification. Les concepts de «formation» et de «faciès» archéologiques sont comparés à ceux de «culture» et de «variante» culturelle. En définitive, l’utilisation d’une terminologie précise et d’un système conceptuel explicite constituent une discipline stimulante qu ‘il faut choisir librement mais aussi critiquer et modifier si nécessaire.


L’archéologie urbaine à Montréal- présentation
Pauline Desjardins

Évaluation de potentiel archéologique
Jean-Guy Brossard

Depuis juin 1982, l’équipe archéologique actuelle de la Société d’Archéologie et de Numismatique de Montréal (SANM) est mandatée par la Ville de Montréal pour pratiquer une archéologie d’intervention, telle que définie par le ministère des Affaires culturelles. Ce travail implique, dans un premier temps, l’évaluation du potentiel archéologique réel de terrains vacants susceptibles de faire l’objet, à plus ou moins long terme, d’un aménagement urbain dans le cadre de la revitalisation du Vieux -Montréal. Le programme «Expertises » a donc comme objectifs de développer des méthodes rapides et efficaces ; de sonder ces terrains de manière à vérifier si un tissu archéologique a survécu aux transformations destructrices dont la ville fut témoin ; et, dans l’affirmative, de mesurer la capacité des données qu ‘il contient à répondre à la problématique de recherche établie.

Transformation d’un espace rural en espace urbain : le site Viger
Pauline Desjardins

L’approche utilisée à Montréal pour la recherche archéologique tient compte des facteurs dynamiques de l’évolution de Montréal. Parmi ces derniers , le rôle marchand de la ville, particulièrement au XIXe siècle, a entraîné une transformation importante de son tissu urbain. A partir de l’exemple du site Viger, nous allons illustrer la colonisation à l’extérieur de la ville fortifiée ; la naissance des faubourgs, ces premières banlieues; et enfin, l’éclatement de la ville et son industrialisation.

Le projet de fouille ouverte au public
Louise Pagé

La fouille ouverte au public est d’ abord un projet de diffusion et de vulgarisation de l’archéologie dans le but de faire comprendre à la population l’ensemble de la démarche archéologique, l’importance des biens archéologiques, leur mise en valeur et leur sauvegarde. D’une part , des structures d’accueil ont été mises sur pied pour attirer un maximum de visiteurs sur le site. D’autre part, le public a été invité à participer bénévolement aux travaux de fouille. Les média d’information ont couvert l’événement et participé, par le fait même, à son succès. Les résultats du projet sont positifs autant au niveau des réactions du public et des autorités en place qu’au niveau du travail accompli. L’ implication du public et des média dans la pratique de l’archéologie s’avère prometteuse.

Diffusion et mise en valeur
Monique Laliberté

Depuis quelques années, nous avons pris conscience de l’importance à accorder à la diffusion de l’archéologie. Les fouilles ouvertes au public en sont sans doute l’aspect le plus remarqué, mais d’au tres projets de diffusion ont été mis sur pied. La collection «Le Montréal archéologique» a pour but de rendre accessible les résultats des travaux archéologiques non seulement à la communauté scientifique, mais à quiconque est intéressé par l’histoire de Montréal. L’exposition «Quand le sol raconte la ville … » explique la démarche archéologique en prenant exemple des travaux effectués à la Place Royale de Montréal.

Urbanisme et archéologie
Christiane Rompré

Archéologue et urbaniste de formation, nous avons tenté, dans un mémoire de fin de scolarité, de situer la place  du patrimoine dans le processus de planification urbaine en focalisant plus précisément la variable archéologique, les législations qui la concernent et leurs possibilités d’application réelle pour l’urbaniste ou l’aménagiste. Nous procéderons donc, après une brève analyse des potentiels et contraintes des diverses lois québécoises s’appliquant à l’archéologie, à une comparaison des orientations qui prévalent en la matière dans quelques pays européens et scandinaves.

Système archéo : informatisation des inventaires sommaires d’artefacts, Parcs Canada, Québec
Pierre Vézina

Depuis quelques années, Parcs Canada utilise le logiciel ARCHEO pour enregistrer et traiter ses inventaires d’artefacts sur ordinateur. Fonctionnant jusqu’alors en  temps partagé sur mini-ordinateur, ARCHEO fut transféré, au printemps 85, sur micro-ordinateur IBM-PC et mis à l’essai à l’occasion de la saison de fouille 1985 sur le site de la Terrasse Dufferin. A partir de données de base comme le numéro de lot, matériau, nom d’objet, fonction, nombre de fragments et nombre estimé d’objets, ARCHEO permet de produire des tableaux analytiques qui se sont avérés très utiles aux archéologues dans la perspective d’une interprétation rapide du site et de ses diverses couches d’occupation. ARCHEO est un système construit sur mesure pour Parcs Canada, programmé en langage APL (environnement APL*PLUS/ PC de STSC) et fonctionnant sur micro-ordinateur IBM-PC ou compatible , muni d’un minimum de 512 K de mémoire vive et de deux unités de disquettes.

Application de la géomorphologie structurale à l’étude des potentiels archéologiques
Jean Poirier, Gilles Rousseau et Pierre Dumais

Une nouvelle approche s’appliquant à la recherche des témoins archéologiques est proposée : la carte géomorphologique qui sert de canevas à la délimitation des «secteurs d’intérêt archéologique» n’est pas analysée comme une addition de fonctions séparées mais comme un plan d’architecture du paysage. La méthodologie emprunte à la géomorphologie structurale et à l’analyse topologique. Elle permet un raffinement et même une reformulation complète de la méthodologie traditionnelle.

Aperçu méthodologique d’une étude de potentiel archéologique : le cas Havre Saint-Pierre/Baie Johan Beetz
Esther Laforte, François Morneau et Denis Roy

L’étude de potentiel archéologique qui sert d’exemple dans cet aperçu méthodologique a été réalisée pour le Service de l’environnement du ministère des Transports du Québec, dans le cadre de l’étude d’impact sur l’environnement d’un projet de construction routière. Le mandat était de réaliser une étude de potentiel archéologique d’un tronçon de la route 138, entre Havre-Saint-Pierre et Baie-Johan-Beetz, sur la Moyenne-Côte-Nord. La méthodologie appliquée par le Service de l’environnement pour la réalisation de ses études est ici adaptée au cas de Havre-Saint-Pierre et Baie-Johan-Beetz. Cette méthodologie tente de répondre aux objectifs d’une étude de potentiel archéologique par l’analyse rationnelle des données archéologiques disponibles et des données environnementales actuelles.

La préhistoire de la Baie James et l’activation neutronique
Robert R. Crépeau et G.G. Kennedy

L’activation neutronique est une méthode permettant de connaître la composition chimique d’un matériau.  Appliquée à des poteries récoltées à la Baie James sur plusieurs sites préhistoriques, elle nous a fourni des informations permettant de tenter de répondre à deux questions: 1- D’où provient cette céramique? et 2- Les populations locales algonquiennes de la Baie James en fabriquaient-elles?

Inventaire des ressources archéologiques à l’Île-aux-Noix
Gisèle Piédalue

Lieu militaire d’abord , l’île-aux-Noix a connu dès la fin du régime français toute une gamme d’activités reliées à l’implantation de dispositifs de défense, à l’entretien des garnisons et à la construction navale. L’agriculture, l’internement de réfugiés et l’aménagement de colonies de vacances y ont été introduits par la suite. Malgré plusieurs campagnes de fouilles menées sur l’île et dans les eaux environnantes à partir de 1958, notre connaissance des ressources archéologiques considérables du site demeurait inadéquate et, conséquemment, constituait un obstacle important à la conservation et la mise en valeur éventuelles de celui-ci. Afin de remédier à cette situation, un inventaire exhaustif de toutes les constructions ayant pu laisser des vestiges sur le site a été mis
sur pied à l’automne 1984. L’utilisation d’un programme informatisé s’imposait pour faciliter l’organisation et la manipulation du volume de données à traiter. Les approches, les instruments de recherche et la méthodologie utilisés dans la réalisation de cet inventaire seront présentés dans les pages qui suivent.

Identification des sites archéologiques en milieu urbain
Yves Tremblay

Lors de travaux archéologiques en milieu urbain, un des problèmes auxquels nous avons à faire face est l’identification des sites archéologiques. Que doit-on identifier comme site et comment l’identifier afin de pouvoir l’intégrer avec ce que nos prédécesseurs ont réalisé ? En 1983, nous avons effectué la surveillance archéologique pour Hydro-Québec de la construction d’un réseau électrique souterrain dans le Vieux-Québec. Nous avons à cette occasion récolté de nombreux renseignements archéologiques : stratigraphies, artefacts, structures qu’il a fallu rattacher à des sites afin d’en localiser le plus précisément la provenance. La désignation du numéro de site fut l’un des problèmes majeurs. Nous proposons au lecteur une solution simple pour identifier un site archéologique en milieu urbain. Dans le cadre de la surveillance archéologique que nous effectuons pour Hydro-Québec, cette façon de procéder est pour nous la meilleure .

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