Archéologiques no. 37 (2024)

$35.00

Disponible sur commande

Catégorie:

Description

Brad Loewen et Émilie Teasdale. « Trois siècles de perles de verre. Une sériation contextualisée pour le littoral maritime de Tadoussac au nord du Labrador, 1540-1890 »

Déjà dans les années 1950, les archéologues new-yorkais utilisent la variabilité des perles de verre pour dater les sites iroquoiens. En Ontario, les archéologues vont élaborer une série de Glass Bead Periods (GBP) comme outil de datation, qui s’avèrent toutefois imparfaites pour le territoire québécois. Ce travail propose une sériation des perles du littoral qui s’étend de Tadoussac au nord du Labrador, et identifie neuf « complexes » s’échelonnant de 1540 à 1890 environ. La sériation se veut une aide à la datation d’autres collections au Québec-Labrador. En outre, nous rattachons les perles à leurs lieux de fabrication et à leurs « réseaux de diffusion » transatlantiques, ce qui révèle des tendances que les recherches futures pourront approfondir. Enfin, le travail de sériation apporte de nouveaux éléments à la datation des sites iroquoiens dans l’estuaire du Saint-Laurent, et clarifie les occupations multiples du site majeur de Red Bay, Labrador.

As early as the 1950s, New York archaeologists used the variability of glass beads to date Iroquoian sites. In Ontario, archaeologists developed a series of Glass Bead Periods (GBP) as a dating tool, which however had limited value in Québec. This article proposes a seriation of beads found along the coast from Tadoussac to northern Labrador, and identifies nine bead “complexes” that run from 1540 to 1890 approximately. This seriation may serve as a dating aid for other collections in Québec-Labrador. We also link bead types to their places of manufacture and their transatlantic “distribution networks”, revealing tendencies that future research may explore in more detail. Research for the seriation finally brings new information to the dating of Iroquoian sites in the Saint Lawrence estuary, and clarifies the multiple occupations of the major site at Red Bay, Labrador.

Christian Roy. « Non, les légions romaines n’ont pas campé sur les rives du fleuve Saint-Laurent, ou les aléas d’une circulation monétaire anachronique au XIXe siècle »

L’étonnante découverte d’une monnaie romaine du IIIe siècle de notre ère dans des contextes archéologiques datant du second quart du XIXe siècle dans le Vieux-Montréal a soulevé de nombreuses interrogations. Afin d’en expliquer la présence, notre regard s’est d’abord tourné vers les écrits laissés par les premiers collectionneurs et numismates canadiens. Puis, un examen du mobilier monétaire mis au jour à Montréal a permis de confirmer que le numéraire en circulation dans la vallée du Saint-Laurent pendant les deux premiers tiers du XIXe siècle se composait d’une surprenante variété de monnaies et de jetons hétéroclites. À la lumière des données disponibles, il est probable que ce tétradrachme romain circulait sur les places de marché parmi les divers jetons et les monnaies royales dépréciées des XVIIe et XVIIIe siècles qui servaient de substitut monétaire. Enfin, cet article fournit l’occasion de reconsidérer l’usage du monnayage archéologique pour la datation des contextes du XIXe siècle.

The astonishing discovery of a Roman coin from the 3rd century AD in archaeological contexts dating to the second quarter of the 19th century in Old Montréal has raised many questions. To explain its presence, we first turned to the writings of early Canadian collectors and numismatists. Then, an examination of the monetary assemblages unearthed in Montréal confirmed that the coinage in circulation in the St. Lawrence Valley during the first two thirds of the 19th century consisted of a surprising variety of heterogeneous coins and tokens. In light of the available data, it is likely that this Roman tetradrachm circulated on marketplaces among the various tokens and depreciated royal coins of the 17th and 18th centuries, which served as monetary substitutes. Finally, this article provides the opportunity to reconsider the use of archaeological coinage for dating 19th-century contexts.

Michel Plourde. Note de recherche. « Ressources archéologiques autochtones du Gespe’gewa’gi : le parc national Forillon revisité »

Cet article fait le point sur les toutes dernières données concernant l’occupation autochtone du parc national Forillon. Des phénomènes postglaciaires très rapides, comparativement aux autres régions du Québec méridional, et l’altération des sols par des labours sur la majorité des surfaces planes et bien drainées localisées à moins de 20 m d’altitude, auraient détruit ou déstructuré la plupart des sites archéologiques autochtones de ce secteur. Cependant, la péninsule de Penouille, dont la genèse remonte à 1640 ans AA, fut toutefois épargnée par les labours. Celle-ci demeure à ce jour le secteur duquel fut tiré une manne de données sur la paléohistoire récente de la péninsule gaspésienne, et qui a conservé un potentiel archéologique considérable.

This article reviews the most recent data on the Aboriginal occupation of Forillon National Park. Due to post-glacial phenomena, which occurred much more rapidly here than in other parts of southern Québec, and to the alteration of soils by ploughing operations on most of the flat well-drained surfaces located at an altitude of less than 20 m, most Aboriginal archaeological sites in this sector seem to have been destroyed or lost their structure. However, the Penouille Peninsula, which came into being in 1640 BP, was not subjected to ploughing operations .To date, this sector has provided a wealth of data on the recent pre-contact period in the Gaspé Peninsula. Moreover, it still has considerable archaeological potential.

Marie-Michelle Dionne. Note de recherche. « Au cœur d’un chantier forestier : le campement du Dauphinais, parc national de la Mauricie »

Les interventions archéologiques menées par l’équipe d’archéologie terrestre de Parcs Canada en 2022 dans le cadre du projet de réhabilitation des lacs et des cours d’eau du parc national de la Mauricie ont permis de documenter différents types de vestiges liés aux activités d’exploitations forestières des XIXe et XXe siècles. Parmi ceux-ci se trouvait un ancien campement forestier, localisé non loin d’un ancien barrage dans le secteur de la décharge du lac Dauphinais. Le relevé de localisation des structures observées sur le site a permis d’évaluer la composition et l’organisation du campement. Les caractéristiques observées suggèrent des pistes d’interprétation quant à son contexte d’occupation et sa place dans l’histoire de l’exploitation forestière en Mauricie.

The archaeological interventions carried out by the Parks Canada terrestrial archaeology team in 2022 as part of the lake and stream rehabilitation project in “Parc national de la Mauricie” yielded different types of remains from the 19th and 20th centuries lumbering operations. Among them, was an old logging camp, located not far from the residual structure of the Lake Dauphinais outlet dam. The location survey of the structures observed on the site revealed the composition and organization of the camp. Several characteristics observed suggest avenues of interpretation regarding its context of occupation and its position in the history of lumbering in Mauricie.

Daphné Marquis. « Les dessous du pavillon de thé se révèlent, fouilles archéologiques au LHN du Manoir-Papineau à Montebello »

Au printemps 2023, des fouilles archéologiques ont été menées à l’intérieur et à proximité des fondations du pavillon de thé, un bâtiment situé sur le lieu historique national du Manoir-Papineau. Elles ont permis de documenter cette structure unique, érigée au courant du XIXe siècle par Louis Joseph-Papineau, homme politique marquant de l’histoire du Canada. Situé à proximité du manoir de l’illustre politicien, ce petit bâtiment cache des origines bien fascinantes aux vocations multiples, de poulailler-colombier à salon de thé, en passant par une serre. Moins connu et documenté que le manoir, le musée des Papineau ou la chapelle, ce bâtiment révèle pourtant les idées de grandeur qu’avait Louis-Joseph Papineau pour son domaine et de ses intérêts marqués pour l’horticulture.

In spring 2023, archaeological excavations were conducted inside of or near the foundations of the teahouse on the Manoir-Papineau National Historic Site. This field work made it possible to document this unique structure erected in the 19th century by Louis Joseph-Papineau, a politician who marked the history of Canada. This small building, situated near the manor of this renowned politician, served a number of fascinating purposes in the course of its history, from dovecote to chicken coop, to teahouse, to greenhouse. Not as well known or documented as the manor house, the family museum or the chapel, this teahouse nonetheless reflects Louis-Joseph Papineau’s ideas of grandeur for his estate and his keen interest in horticulture.