Archéologiques 27, 2014

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Archéologiques 27, 2014

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77 en inventaire

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Description

Tables des matières


Témoignages

La Société d’archéologie préhistorique du Québec (SAPQ) : 1965–1975
Laurent Girouard

De 1965 à 1975, la Société d’archéologie préhistorique du Québec (SAPQ) a fait des recherches archéologiques sur le site Pointe-du-Buisson (1965–1969 et 1971), sur le site Brouillette (1968), sur le site Lanoraie (1970), sur le site Mandeville (1969, 1971–1973), sur le site La Martre (1969). Certains de ses membres feront des reconnaissances archéologiques au Labrador, dans le Parc national de la Mauricie et sur l’île d’Orléans. En 1971, elle participe avec le Laboratoire d’anthropologie amérindienne (LAA) à la fondation de la revue Recherches amérindiennes au Québec (RAQ). La même année, un de ses membres est en charge de la mise en oeuvre de l’Inventaire des sites archéologiques du Québec (ISAQ) pour le ministère des Affaires culturelles du Québec. Elle aide à faire classer comme sites du patrimoine, en 1975, les sites de Pointe-du-Buisson (ce classement évitera sa destruction) et Mandeville (permettant la poursuite de sa fouille). Elle a mis au point des techniques d’enregistrement des données qui n’étaient pas, à l’époque, généralement utilisées : fiches systématisées de journaux de fouilles, relevés photographiques et vidéographiques de la stratigraphie et des structures d’habitation, récupération des petits vestiges archéologiques. Faute de financement adéquat, elle cessera ses activités en 1975.

From 1965 to 1975, the Société d’archéologie préhistorique du Québec (SAPQ, or Québec prehistoric archaeological society) carried out archaeological research on the Pointe-du-Buisson (1965–1969 and 1971), Brouillette (1968), Lanoraie (1970), Mandeville (1969, 1971–1973) and La Martre (1969) sites. A number of its members conducted archaeological surveys in Labrador, La Mauricie National Park and on Île d’Orléans. In 1971, the SAPQ founded Recherches amérindiennes au Québec (RAQ), a journal on Amerindian research, with the Laboratoire d’anthropologie amérindienne (LAA, or Amerindian archaeology laboratory). That same year, one of the SAPQ’s members was charged with setting up the Inventaire des sites archéologiques du Québec (ISAQ, or inventory of archaeological sites in Québec) for the Ministère des Affaires culturelles du Québec. In 1975, the SAPQ helped obtain heritage-site status for the Pointe-du-Buisson and Mandeville sites, preventing the destruction of the former and enabling excavation work to continue on the latter. It also developed data recording techniques that were quite innovative at the time, namely, standardized forms for recording field data and photo and video coverage for recording dwelling remains and stratigraphy. As well, it designed an elutriation column for recovering small objects. The SAPQ ceased its activities in 1975 due to insufficient funding.

Douze mille ans d’histoire amérindienne au Québec, le plus vieux chapitre
Claude Chapdelaine

Il n’y a pas si longtemps, les origines du peuplement du Québec étaient à la fois peu connues et considérées trop récentes pour attirer l’attention. Tout en retraçant l’histoire de cette enquête archéologique, il sera question de poser les jalons constituant les grands moments de ce peuplement. À quand remontent les premières incursions en sol québécois et par qui ? Quels sont les indices et les sites archéologiques pour formuler des réponses ? L’archéologie québécoise a fait des bonds prodigieux sur le plan des connaissances au cours des 30 dernières années et l’ancienneté du peuplement du Québec contribue désormais à la compréhension des chasseurs de la fin de l’âge glaciaire dans l’Est de l’Amérique du Nord.

Not that long ago, little was known about the initial peopling of the territory now known as Québec. Furthermore, this process was deemed too recent to be worthy of attention. This article traces the history of archaeological research on the peopling of Québec and discusses the key moments in this stage of our history. When did the first people arrive here and who were they? What archaeological sites and evidence provide answers to these questions? Tremendous strides have been made in Québec archaeology in terms of knowledge about this period over the past 30 years. The information gathered on the earliest people in Québec has contributed to our understanding of hunters at the end of the Ice Age in Eastern North America


Articles

Décoder l’outil : usure, utilisation et fonction de l’outillage lithique en préhistoire du Nord-Est
Jacques Chabot, Marie-Michelle Dionne, Isabelle Duval et Cynthia Gosselin

Le projet de « Conception d’un référentiel expérimental de tracéologie sur la préhistoire du Québec » fut mené au Laboratoire de recherche sur la pierre taillée (Jacques Chabot, Laboratoires d’archéologie de l’Université Laval), au cours de la session d’automne-hiver 2013. À cette occasion, les dynamiques d’usure de différentes variétés de chert appalachien furent analysées, dans le but de créer non seulement un outil de référence efficace pour l’interprétation de la fonction des outils en préhistoire du Nord-Est, mais également un outil pédagogique qui viendra enrichir le contenu du cours d’Analyse lithique dispensé à l’Université Laval. Seules des expérimentations menées suivant un protocole rigoureux pouvaient permettre de générer un portrait significatif des dynamiques d’usure des matières sélectionnées. La base de données obtenue laisse entrevoir l’étendue des possibilités quant à l’interprétation de la fonction des outils. Entre autres, elle atteste clairement de l’existence de processus d’usure variables suivant : (1) les propriétés intrinsèques des matières premières lithiques utilisées ; (2) les modes d’utilisation ; (3) les propriétés intrinsèques de la matière travaillée. La compréhension de ces processus permet de mettre en évidence la valeur interprétative et le potentiel de la donnée tracéologique pour l’archéologie de la préhistoire du Nord-Est.

During the fall and winter terms of 2013, the Laboratoire de recherche sur la pierre taillée (flaked stone research laboratory), directed by Jacques Chabot (coordinator of Université Laval’s archaeological laboratories), carried out a project to design an experimental traceology reference framework for Québec prehistory. Use-wear formation on different varieties of Appalachian chert were studied to develop not only an effective reference tool for interpreting tool function during the prehistoric period in the Northeast, but also a pedagogical tool that would enrich the content of Université Laval’s lithic analysis course. Experiments conducted following a strict protocol can alone provide a meaningful picture of use-wear formation on selected materials. The database obtained in our
study points to a wide range of possibilities in interpreting tool function. For example, it clearly attests to the existence of variability in use-wear processes depending on: (1) the intrinsic properties of the lithic raw materials used; (2) use methods; and (3) the intrinsic properties of the worked material. The insight we have gained into these processes highlights the interpretive value and potential of traceological data for Northeast prehistoric archaeology.

Étude préliminaire du chert de Nastapoka. Caractérisation technologique d’artefacts et caractérisation visuelle et géochimique de sources géologiques de l’arc oriental de la baie d’Hudson
Marianne-Marilou Leclerc

Le manque de données concernant une pierre grandement utilisée par les Paléoesquimaux pour la fabrication d’outils, soit celle que l’on surnomme le « chert Nastapoka », a motivé cette étude. Une première analyse visuelle fut nécessaire pour appréhender ce chert aux aspects multiples et tenter une organisation du matériel par types. Une analyse macroscopique et géochimique par la technique de fluorescence aux rayons X d’échantillons provenant de sources géologiques potentielles de chert Nastapoka de la Baie d’Hudson a été menée. Nous avons ensuite revisité les collections de quelques sites archéologiques environnant ces sources potentielles pour comprendre l’utilisation du chert Nastapoka sur le territoire. Une compilation d’analyses technologiques publiées d’artefacts de ce type de chert a été effectuée. Cette étude préliminaire a donc permis d’illustrer certaines particularités de cette pierre et de révéler certaines stratégies des tailleurs paléoesquimaux pour adapter leurs techniques de taille à celles-ci.

This study was motivated by the general lack of data concerning a raw material that was extensively used by the Paleoeskimos of Nunavik, a chert referred to by archaeologists as “Nastapoka chert”. The first step was to carry out a macroscopic analysis in order to get a sense of the variability of the raw material and to create visual types. The macroscopic analysis was combined with geochemical analyses using X-ray fluorescence of samples collected from potential sources of Nastapoka chert on eastern Hudson Bay. This was followed by the analysis of several archaeological collections from sites in the vicinity of these potential sources in order to understand the prehistoric use of Nastapoka chert in the region. I also compiled the published data on the technological analyses of this chert from three archaeological sites. This preliminary study defines certain characteristics of the Nastapoka chert, and illustrates some of the strategies that Paleoeskimos used to adapt their knapping techniques to this raw material.

L’identité culturelle dans l’estuaire du Saint-Laurent à la paléohistoire récente : le cas du site Rioux (DaEi-19), île Verte, Québec
Mariane Gaudreau

D’après les récits de voyage des périodes protohistorique et historique ancienne des XVIe et XVIIe siècles, les Iroquoiens du Saint-Laurent de la région de Québec, les Malécites, les Mi’kmaq et les Innus ont tous transité, à un moment ou à un autre, dans la région de l’estuaire du Saint- Laurent, ce qui rend difficile la reconnaissance de l’identité culturelle des occupants des sites de la paléohistoire récente de la région. Le présent article s’affaire à déterminer l’identité culturelle des occupants qui se sont arrêtés au site Rioux (DaEi‑19), sur l’île Verte, au cours du Sylvicole supérieur récent (1350–1535 AD). L’approche historico-analogique a été privilégiée : la littérature ethnohistorique et archéologique a été dépouillée à la recherche de critères culturels identitaires permettant d’identifier les quatre groupes potentiels. À la lumière de ces éléments clés, le matériel archéologique du site Rioux a été analysé et une identité iroquoienne en émane. Les données permettent non seulement d’appuyer une présence iroquoienne récente sur l’île Verte, mais aussi de démontrer que ces Iroquoiens du Saint-Laurent entretenaient des relations d’échange avec les Algonquiens de la région, principalement les Mi’kmaq et les Malécites.

According to travel writings dating from the protohistoric and early historic periods of the 16th and 17th centuries, the St. Lawrence Iroquoians from the Québec region, the Maliseet, the Mi’kmaq and the Innus all exploited the St. Lawrence estuary at one time or other. This makes it more difficult to ascertain the cultural identity of the groups who spent time at local archaeological sites during the late palaeohistory. This paper attempts to determine the cultural identity of the occupants of the Rioux site (DaEi‑19), on île Verte, during the Late Woodland Period (1350–1535 AD). To that end, a direct historical approach was applied. Key elements useful for the identification of each of the four groups were extracted from the ethnohistorical and archaeological literature and used to analyze the archaeological material of the Rioux site, leading to the conclusion that the latter was once the site of a St. Lawrence Iroquoian occupation. The data not only support an Iroquoian presence on île Verte during the late palaeohistory, but also suggest that those St. Lawrence Iroquoians participated in an exchange network with the eastern Maritime Algonquians, mainly the Mi’kmaq and the Maliseet.


Note de recherche

Quelques objets, quelques bribes d’histoire et quelques fantômes élusifs de la période de la traite des fourrures au nord d’Amos
Marc Côté, avec la collaboration de Christian Roy

La mise au jour d’une probable cache d’objets datant de la période de la traite des fourrures par un citoyen d’Amos rappelle l’importance des découvertes fortuites, un phénomène souvent négligé par les archéologues. Après une brève description des quatre catégories d’artefacts retrouvés, l’auteur tente de préciser la datation de ces objets, d’en définir la provenance et de statuer sur l’origine de leur propriétaire. Malgré le peu d’informations disponibles sur le lieu et le contexte de cette découverte, l’examen de cet assemblage et de son mode d’emballage permet de proposer que ces objets ont sans doute été oubliés par un ou des Amérindiens qui traitaient vraisemblablement le long des rives du lac Abitibi.

The discovery by a resident of Amos of what is probably a cache of objects dating from the fur-trade period illustrates the importance of chance discoveries — a type of archaeological find often overlooked by archaeologists. Following a brief description of the four types of objects found in the cache, the author attempts to date them and identify their origin, as well as the origin of their owner. Despite the limited amount of information on the location and context of this discovery, an examination of the assemblage and the way it was stored makes it possible to suggest that these objects were probably left behind accidentally by one or more Amerindians trading on the shores of Lake Abitibi.