Description
Brad Loewen, Gaëlle Dieulefet et Filipe Castro. « L’astrolabe nautique de Montréal de 1631 et son contexte », p. 1-18.
L’identification à Montréal d’un astrolabe nautique inconnu des spécialistes a motivé un examen de ces instruments conservés au Canada et en France. L’astrolabe nautique permet la prise d’élévation du soleil ou de l’étoile polaire et, ainsi, le calcul de la latitude où l’on se trouve. Celui de Montréal, fabriqué à Lisbonne en 1631, appartient à la collection historique des pères sulpiciens. Le contexte de son acquisition étant inconnu, ce travail évalue son lien possible avec les sulpiciens René Bréhant de Galinée, navigateur, et Jean Cavelier, frère du célèbre explorateur Cavelier de La Salle. L’étude considère ensuite l’instrument au sein du corpus de 11 astrolabes nautiques connus en sol canadien et français. Fabriquées en Espagne, en France et au Portugal, ces pièces jettent une lumière sur l’évolution des pratiques de navigation dans l’Atlantique septentrional aux XVIe et XVIIe siècles. Ce travail identifie Honfleur comme lieu de fabrication en France. Les astrolabes nautiques participèrent à la construction sociale d’un savoir maritime scientifique lié à l’État, processus impliquant des ordres religieux dont celui des sulpiciens de Montréal.
The identification in Montréal of a nautical astrolabe previously unknown to specialists has prompted a new look at instruments of this type held in Canada and France. Mariners used the astrolabe to measure the elevation of the sun or the North Star and thus calculate their latitude. Cast in Lisbon in 1631, the Montreal instrument belongs to the historical collection of the Sulpician fathers. Since the context of its acquisition is unknown, this study examines a possible link with two Sulpicians – René Bréhant de Galinée, navigator, and Jean Cavelier, brother of the famous explorer Cavelier de La Salle. This research then considers the instrument within the corpus of 11 nautical astrolabes known in Canada and France. Made in Spain, France, and Portugal, these pieces shed light on the evolution of navigation practices in the North Atlantic in the 16th and 17th centuries. This study identifies Honfleur as a production centre in France. Nautical astrolabes played a role in the social construction of scientific maritime knowledge tied to the State, a process that involved religious orders, including the Montréal Sulpicians.
François Gignac et Hendrik Van Gijseghem. « Une occupation domestique au parlement de la province du Canada, à Montréal, 1844-1849 », p. 19-36.
La découverte de concentrations d’objets traditionnellement attribués à des ensembles domestiques dans les contextes reliés à l’occupation et à l’incendie de l’édifice abritant le Parlement à Montréal (1844-1849) a généré au fil des interventions plusieurs questions et réflexions quant aux activités qui s’y tenaient. La présente analyse est le résultat d’un examen minutieux de l’assemblage céramique d’un secteur précis du site, le corps central sud. De nouvelles interprétations indiquent que ces dépôts seraient associés à la présence d’une résidence dans l’étage inférieur du bâtiment. Cette dernière serait celle du messager en chef de l’Assemblée législative, André Leroux dit Cardinal qui, selon plusieurs documents historiques, y aurait résidé avec sa famille entre 1844 et 1849. Ce constat incite à revoir certaines interprétations préliminaires quant à l’organisation spatiale de cet édifice et ses composantes matérielles. Certaines hypothèses sur l’assemblage domestique et son importance pour les stratégies de mobilité sociale sont également proposées.
The discovery of concentrations of objects traditionally attributed to domestic assemblages in contexts related to the occupation of Montreal’s Parliament House (1844-1849) and the fire that destroyed it has generated questions about the activities that took place there. The present study is the result of a careful examination of the ceramic assemblage from the south central portion of the site. New interpretations indicate that these deposits are associated with the presence of a residence on the bottom floor of the building. This residence appears to be that of the Parliament’s chief messenger, André Leroux dit Cardinal who, according to several historical documents, resided in the Parliament House with his family between 1844 and 1849. This finding invites us to revisit certain preliminary interpretations regarding the building’s internal organization and material components. We also propose hypotheses about the domestic assemblage and its role in strategies of social mobility.
Manon Savard et Nicolas Beaudry. Note de recherche. « Des archéologues en résidence : retour sur un Laboratoire public d’archéologie », p. 37-48.
Si la fouille est l’activité la plus visible et la plus iconique du travail des archéologues, elle n’en constitue qu’une partie : c’est au laboratoire qu’ils consacrent le plus de temps pour traiter leurs trouvailles, analyser leurs données et en proposer des interprétations. Comme elle se déroule hors du regard du public, cette composante de l’archéologie est aussi la plus méconnue. Pour rendre ce travail plus visible, les archéologues de l’Université du Québec à Rimouski ont installé leur laboratoire au Musée régional de Rimouski en octobre 2021 et y ont mené leurs travaux post-fouille en public, tout en échangeant avec les visiteurs. Cet article propose un retour sur cette expérience d’archéologie publique.
While excavation is the most visible and iconic activity of an archaeologist’s work, it is only a part of it: the laboratory is the place where archaeologists devote the most time to processing their finds, analyzing their data and suggesting interpretations. Since this aspect of archaeology takes place out of the public eye, it is also the least well known. To make this work more visible, archaeologists from the Université du Québec à Rimouski set up their laboratory at the Musée régional de Rimouski in October 2021 and carried out their post-excavation work there in public, while interacting with visitors. This article looks back at this experience of public archaeology.
Agnès Gelé, Arkéos inc. Note de recherche. « Mise en bière et mise en terre : menus objets et vitre de regard, l’exemple du cimetière de Saint-Philippe (BiFi-65) », p. 49-58.
Un inventaire archéologique réalisé pour la Ville de Saint-Philippe a permis d’observer des ressources archéologiques des XVIIIe et XIXe siècles associées au noyau de la paroisse Saint-François-Régis. Cette intervention a mené à documenter l’évolution du site. De nombreux vestiges, associés aux deuxième et troisième églises paroissiales de Saint-Philippe, aux agrandissements successifs du cimetière et à des aménagements divers ont notamment été mis au jour. Les différentes sections du cimetière ont révélé des cercueils de formes variées, dont deux cercueils doubles qui présentent la particularité d’être dotés d’une vitre de regard. Ce type d’artefact témoigne d’une volonté d’exposition des corps. Cette pratique funéraire se répand au cours de l’époque victorienne, à la suite du développement d’un phénomène de « romantisation » de la mort qui prend naissance au XIXe siècle en Angleterre ainsi que dans les colonies britanniques.
An archaeological survey conducted for the Ville de Saint-Philippe led to the discovery of archaeological resources from the 18th and 19th centuries, associated with the parish core of Saint-François-Régis. This survey documented the evolution of the site. In particular, it uncovered numerous remains associated with the second and third parish churches in Saint-Philippe, consecutive enlargements of the cemetery and various features. Coffins of various shapes were found in different parts of the cemetery, including two two-person coffins with the unusual feature of having a viewing window. This type of artifact reflects a desire to put the body on display. This funerary custom spread during the Victorian era following the development of the romanticization of death, a phenomenon that emerged in England and the British colonies in the 19th century.
Christian Gates St-Pierre. « Entrevue croisée avec Michelle Courtemanche et David Denton », p. 59-70.
Née en 1956 à Montréal, Michelle Courtemanche est l’une des cofondatrices de l’Ostéothèque de Montréal et, en parallèle, a fait carrière à l’Agence Parcs Canada, principalement au Fort-Chambly. Né en 1950 à Toronto, David Denton a principalement œuvré comme archéologue au service du Gouvernement de la Nation crie d’Eeyou Istchee.